Le champ est clos.
Au Champ des Muses, chacun se sent bienvenu, pas de dress-code (sauf celui de la météo), pas de dresscode donc, pas d’âge ou de genre. Le bon genre c’est le genre content d’être là et curieux de voir. L’envie, elle transpire de partout, la joie la suit et puis entraîne.
À la première visite, on est timide, on observe. 18h30 ouverture des lieux. La voiture est garée dans le champ, on laisse la ferme à gauche et on s’approche d’un village de tente et de baraques. Première étape, l’accueil, on verse son écot, laissé à l’appréciation de chacun, en échange d’un passe laineux à la couleur du jour. Si vous venez tous les jours, vous obtiendrez pour finir un beau bracelet de brins de laine multicolores.
On descend vers l’espace spectacle avec au fond la scène multiformat. D’abord on passe le kiosque « Le Petit Creux », des plats sur le pouce faits maison, vendus quelques sous, puis La Buvette pour la soif et pour la joie. Entre La Buvette et la scène, un espace, où l’on joue, on danse, ou on s’assoit suivant ce qui s’y passe.
Avant les spectacles c’est jeux en bois ou jeux de société, une manière tranquille d’attendre le concert d’apéro pour se mettre doucement dans l’ambiance. Doucement ou à fond la grosse caisse, ça dépend du programme. Ah, ah ! La première fois on suit, on observe, on découvre. Peut-être avez-vous une grosse faim ? Alors à l’accueil, montez à droite, direction Le Buffet, petites et grandes assiettes locavores. Prenez votre assiette et votre verre de vin rouge, et dirigez vous vers l’atelier peinture transformé en salle de restaurant, position balcon sur la scène. Atelier de peinture, tiens, tiens… Bon, vous êtes assis, à déguster votre assiette, un regard sur la scène, vite ça commence ! Allez prendre place ! Spectacle de texte, humoriste poète, troupe de théâtre, création ou classique interprété, cinéma primé en première exclusivité, le voyage débute. Puis à peine la pièce, le morceau de textes terminé, une interscène sidérante ou mélancolique. Le spectacle suivant doit parfois se faire sa place tant le bonheur de jouer est fort et l’audience bon public, car public gâté. Et voilà un extraordinaire duo de chansons à textes en musique de cordes, super nanas, ou un groupe de musique du Monde, de l’Est, Rock, des Balkans, d’ici, d’à côté ou de très très loin. Il est déjà minuit ! Et arrive le troisième spectacle, Tous les soirs c’est comme ça, l’abondance et le goût. Le monde vient à Rajasse. Des pointures du tango l’an dernier, des bretons, des suissesses, des italiens, même des lyonnais, tiens !. Pour jouer ou participer, parce que quand on vient à Rajasse ,on a l’impression de participer à quelque chose, pas d’y assister. Le monde vient à Rajasse et s’en trouve bien.
Il est venu par Le Béage ou Le Cros (de Géorand), le monde, ou encore plus chanceux (car c’est très beau) par le Lac d’Issarlès. L’autoroute est loin. La vie est belle. Spectacle en plein air, aux quatre vents, aux caprices du temps. Douces journées ou pluies battantes, on s’adapte. L’après-midi, les ateliers se rassemblent sous l’abri, une tournée de boisson chaude pour les participants, la bonne humeur reste. On veut pas que ça s’arrête. (Ici on dit : on en veut mieux.) On relie le toit de la scène aux autres constructions par de grandes toiles protectrices, et la seule limite c’est la sécurité.
Rajasse est située sur « le volcan strombolien de Cherchemuse ». Là ça rigole pas, volcan strombolien c’est pas commode, limite dangereux. On dit aussi Suc de Cherchemuse,… et ça prend tout d’un coup un air de pâtisserie alambiquée, de bonbon du coin. Pour parler vrai, le Champ des Muses est une pâtisserie qui se mérite, un délice pour gourmand motivé. Ben oui, c’est loin de beaucoup de choses, c’est en plein air, à environ 1200 mètres d’altitude, dans les bois. Mais quelles délices (amours, délices et orgues). Délices nées des bonnes volontés et des talents, des savoir-faire des bénévoles, des artistes, et des hôtes, car Rajasse est habitée à l’année. Et c’est aussi un peu une histoire de famille ce Champ des Muses, famille du sang et famille du cœur.
Vivement l’an prochain !
(*) Amours Délices et Orgues sont masculins au singulier et féminins au pluriel.
Toutes les photos sont extraites du site du festival : champdesmuses.wordpress.com